Itinérance alpine

Marche et cheminement

Par Philippe Lemonnier

  • Le Tour de la France, exactement

    Gilles CHARENSOL - Lionel DAUDET

  • « L’homme qui marche ne peut être asservi ! »
    Henri Vincenot

    Assurément, c’est la bipédie qui nous fonde… Et, à n’en pas douter, peut-être plus encore que le rire, la marche est le propre de l’Homme. Si marcher est a priori l’attitude la plus naturelle qui nous soit, elle est moins spontanée qu’il n’y paraît, nécessitant un long apprentissage ! Ce que Sophocle avait bien vu, résumant, en une question – posée par le sphinx à Œdipe - et en un mot, l’incommensurable destin de l’humanité : « Quel est l’animal qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux à midi et sur trois le soir ? » « C’est l’homme ! » Cet être qui se traîne quand il est enfant, marche debout quand il est adulte et se sert d’un bâton lorsque la vieillesse l’affaiblit. Ironie de l’étymologie : en grec ancien, Œdipe (Oidípous) signifie « pieds enflés ».

    La marche c’est la vie ! Marcher, c’est retrouver quelque chose de notre rythme primordial… C’est revenir au pas ancestral des grandes migrations originelles de l’humanité partie à la conquête de notre terre. C’est revenir à la juste mesure des choses, celle du pas de l’homme ; c’est retrouver quelque chose de la valeur du temps.

    La marche au long cours, c’est le voyage à pied, que l’Homme pratique depuis la nuit des temps… et jusqu’à une époque somme toute très récente – le milieu du XIXe siècle ; depuis les moyens de transport mécaniques l’ont peu à peu relayé au rang d’accessoire ; aujourd’hui, l’Homme occidental se déplace à pied plus par goût que par nécessité ; dorénavant, c’est un choix, presque une philosophie de vie ! Ce qui confère à la marche toute sa dimension, tout son sens… toute sa noblesse.

    Au fil des jours, le voyage se fait initiatique… parce qu’il est confrontation avec les éléments, confrontation avec soi-même ; parce qu’il conduit au dépouillement, du corps et de l’esprit ; parce qu’il est rupture des habitudes et oblige à la réflexion, au discernement – jusqu’au choix ! - entre l’essentiel et l’accessoire, jusqu’à fournir une nouvelle grille de lecture du monde et de soi-même.

    Laissons la conclusion à l’auteur des Grands chemins, Jean Giono : « Si tu n’arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore. » Aller plus vite… toujours plus vite ! Pour quoi faire ?

    Extrait du film &quot;Le Tour de la France, exactement&quot;<br />
    Après 14 mois d'aventure, Lionel Daudet achève son tour de la France. Il revient dans les Alpes. Il part de Menton pour rejoindre le mont Blanc et croise la route de Patrick Berhault...<br />
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    Résumé du film<br />
    &quot;Le Tour de la France, exactement&quot;, de Lionel Daudet et Gilles Charensol, raconte le tour de la France « exacte », entrepris par l'alpiniste. Un périple au plus près de la frontière terrestre et littorale, entamé un an et demi plus tôt avec de nombreux compagnons. Ce film nous raconte son défi physique et moral, mais aussi ce qu’est la France aujourd’hui.
      • Année
      • 2014
      • Producteur
      • CINÉMATHÈQUE D'IMAGES DE MONTAGNE
      • Réalisateur(s)
      • Gilles CHARENSOL, Lionel DAUDET
      • Cameraman
      • Lionel DAUDET